Massacre du 27 août 1944
En cette fin d’août 1944, les troupes alliées qui ont débarqué sur les plages normandes le 6 juin, avancent à grand pas pour libérer Paris. Les troupes nazies sont en déroute, ivres de haine et vengeance.
A Andeville, le Maire, Georges PETIT, savait très bien qu’il existait dans sa commune des groupes de résistance, mais en bon patriote, il assumait, et se taisait, face à l’occupant.
Ces groupes de résistants étaient dirigés par Maurice ORANGER et Marcel BEAUCHERON.
Le mercredi 23 août 1944, un jeune soldat allemand armé se présenta spontanément au domicile de Monsieur LAVEILLE, coiffeur du village, en pleurent et en disant qu’il en avait assez de la guerre et qu’il voulait retrouver sa famille.
Il fut conduit chez Marcel BEAUCHERON auprès de qui il réitéra ses déclarations. Il y fut fait prisonnier.
Plus tard, il fut emmené chez Maurice ORANGER où il fut placé sous bonne garde.
De nombreux soutiens de la résistance se rendirent à son domicile, pour voir le prisonnier.
Cela allait leur coûter la vie.
Le samedi 26 août, le prisonnier fut emmené par deux jeunes d’Andeville, armés de pistolets, dans le village voisin de LABOISSIERE EN THELLE chez un responsable de la résistance, lequel avait déjà fait des prisonniers qu’il gardait à son domicile. Il parlait lui-même allemand, ce qui avait vocation à faciliter les échanges.
Le prisonnier continuait sans cesse de pleurer et d’invoquer ses parents. Il fut pris en pitié et lorsqu’il évoqua une envie pressante, c’est non gardé qu’on le laissa se rendre au lieu d’aisance, à l’extérieur de la maison. Il en profita pour s’enfuir et rejoindre les soldats nazis, basés à proximité. Une battue, organisée par des résistants bussériens, fut vaine.
En représailles, le dimanche 27 août 1944, à 11 heures, les soldats nazis, en provenance de la route de MORTEFONTAINE EN THELLE, investirent le village, et un détachement se dirigea vers le quartier d’Angleterre.
Marcel LAFRANDRE, s’enfuit en courant à la vue des troupes. Il fut abattu d’une rafale de mitraillette.
Deux adolescents, Gustave MAILLE et Jacques CHEUDAIL, furent arrêtés et emmenés en camion chez le Maire, Georges PETIT. Pendant le trajet ils furent questionnés et frappés, Ils n’eurent la vie sauve que du fait de leur jeune âge.
Les nazis emmenèrent ensuite Georges PETIT chez Maurice ORANGER, lequel avait déjà été abattu, ainsi que les deux soldats sud-africains qu’il cachait chez lui. Sa maison, ainsi que la maison voisine avaient été incendiées à la grenade. Devant les corps de ces malheureux, le Maire, Georges PETIT, fut abattu.
Deux jeunes, Alexandre VIVILLE et Octave BEAUCHERON, se trouvant à ce moment là dans la rue, à proximité du domicile de Maurice ORANGER, furent à leur tour abattus.
Maurice CHERON, qui s’était caché dans son jardin, fut débusqué. Un soldat nazi fit feu et le blessa.
Il parvint cependant à se réfugier dans sa cuisine, où il fut sauvagement abattu.
Une perquisition à domicile fut alors effectuée et une vingtaine d’hommes furent emmenés en camions sur la place du village, venant s’ajouter aux quinze déjà arrêtés dans le centre ville.
Le prisonnier évadé qui s’avérait être un espion chargé d’infiltrer la résistance andevillienne, se chargea lui même du massacre des personnes qu’il avait croisé au cours de sa détention à Andeville.
C’est ainsi que furent abattus sous les tilleuls de la place, messieurs :
GAPAILLARD Jean
VOISY Lucien
SOTERO Miguel
PINGUIER Jean
LETAILLE Jean
DEDREUX Georges
CRIGNY André
DAELMENS Jean
Le massacre prit fin à quatorze heures. L’officier allemand informa l’abbé Guerville qu’il occuperait désormais les fonctions de maire . Toute trace de ce massacre devait avoir été effacée avant 19 heures.
Les corps des malheureux furent ensevelis à la hâte dans une fosse commune, jusqu’à ce que les familles reprennent possession de leurs défunts, le 3 septembre.
Méru, chef lieu de canton, était libérée quatre jours plus tard, le 31 août 1944.
Le comité de libération désigna André CONTY en qualité de responsable de l’administration civile.
Marcel BEAUCHERON, quant à lui, fut nommé Responsable Militaire.
Un autre enfant de la commune, Maurice CAMIN, résistant FTP, fut été arrêté à Amiens le 22 mars 1944 . Il fut torturé par les nazis à la Gestapo de cette ville. Il fut tué dans le bois voisin de Gentelle, avec quatre de ses camardes d’infortune, dans la nuit du 8 au 9 mai 1944.
Son corps ne sera retrouvé que le 11 septembre 1944. Il sera restitué à sa famille le 3 octobre de la même année.
La commune lui rendit également hommage en ajoutant son nom à ceux des 16 fusillés d’Andeville, lorsqu’elle décida de renommer la rue Jean-Jaurès en rue des 17 martyrs.
Le 3 septembre, une impressionnante colonne de FFI en armes et de sympathisants se rendit à pieds, en cortège, à Andeville, pour rendre hommage à leurs camarades décédés.
Les habitants d’Amblainville, Andeville, Anserville, Esches, Fosseuse, Lardières, Le Coudray sur Thelle, Le Déluge, Mortefontaine en Thelle, Saint Crépin, Sainte Geneviève et Villeneuve les Sablons permirent par leur dons, d’apposer les plaques commémoratives sur le mur de l’église et à l’angle de la rue Marinette. Elles furent inaugurées le 22 avril 1945.
Le Maire, Georges PETIT, fut décoré chevalier de la légion d’honneur, à titre posthume, en 1961.
La commune fut décorée, le 11 novembre 1948, de la croix de guerre 1939-1945,avec étoile d’argent.